Newsletter Septembre 2020

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Principaux enseignements du rapport AQC sur la sinistralité des balcons

L’Agence Qualité Construction a remis, en octobre dernier, son rapport sur l’évaluation de la sinistralité des balcons que lui avaient commandé les pouvoirs publics.

C’est à la suite de la démarche de l’AFCAB auprès de Catherine Deroche, sénatrice du Maine et Loire qui a interpellé, le 22 novembre 2017 en séance, le Ministre de la cohésion des territoires, Jacques Mezard que l’Etat s’est engagé à lancer une étude. Et a passé commande auprès de l’agence AQC de ce rapport. La DHUP (direction de l’Habitat, de l’urbanisme et des paysages), nous a confirmé le rôle décisif de l’AFCAB dans la commande du document.

Parmi les principaux enseignements, les défauts de mise en œuvre des armatures apparaissent comme l’une des causes majeures de l’atteinte à la solidité des balcons. Le rapport recommande le contrôle renforcé de la pose des armatures. Dans l’attente de la publication du détail des recommandations, il est envisagé d’imposer la vérification systématique de la mise en place correcte des armatures in situ, conformément aux indications prévues sir les plans d’exécution.

Pour mémoire, voici dans le détail les leçons du rapport.

  • Les ouvrages mis en cause sont très majoritairement résidentiels (98 %). Sur 188 cas, on compte 11 maisons individuelles et 177 bâtiments d’habitation collectifs.
  • La nature du matériau constitutif est très majoritairement du béton (94 %), suivi pour quelques cas par le bois (5 %) et un cas en pierre (1 %).

Les 4 types de désordre sur les balcons en béton

1. Les infiltrations et les défauts d’étanchéité

89 cas d’infiltrations intérieures (46 % des dossiers), dont la manifestation se situe pour 38 cas en cueillie de plafond, 24 cas en pied de cloisons, et 12 cas sous le seuil d’une porte- fenêtre.
Dans presque 20 % des autres cas, les problèmes relèvent de défauts d’étanchéité : absence de revêtement d’étanchéité, absence de relevé, absence d’étanchéité sur joint de fractionnement, ou encore défaut au droit des siphons de sol ou au raccordement d’évacuation d’eaux pluviales.
À moindre échelle, sontaussi pointées des causes liées à des contrepentesou des insuffisances de pente (8 % des cas), ou uneabsence de ressaut entre niveau intérieur du logementet niveau extérieur du balcon (6 %).
On peut aussi rattacher à cette catégorie les infiltrations en sous-face de balcons.

2. Les atteintes à la solidité

15 % du total des dossiers relèvent des atteintes à la solidité.
Celles-ci se traduisent par une flexion excessive pour plus du tiers (36 %), en raison :

  • d’excès d’enrobage ou d’insuffisance de section d’armatures mises en place, pouvant aller – heureusement dans un nombre de cas réduit– jusqu’à l’effondrement ;
  • de défauts de position et de mise en place des armatures ;
  • d’excès d’enrobage des armatures de flexion placées trop bas dans la section verticale de la dalle ;
  • de défaut d’ancrage de ces armatures.

D’autres atteintes (36 %) se manifestent par une dégradation, une fissuration ou un éclatement du béton, liés à une porosité trop élevée du matériau, une insuffisance d’enrobage des armatures et une absence de revêtement d’étanchéité sur l’arase supérieure de la dalle insuffisamment pentée, ou une corrosion des armatures de flexion en raison d’une insuffisance d’enrobage.

3. La dégradation des revêtements de sol des balcons

Elle représente 7 % des dossiers. Dans 86 % des cas, il s’agit d’un phénomène de décollement de carrelage de sol, en raison d’une absence de joint de fractionnement ou périphérique, d’un défaut de pente, ou d’un dosage du mortier de scellement insuffisant (possiblement lié à un défaut de drainage sous ce lit de pose).

4. La dégradation des revêtements extérieurs verticaux

Cette pathologie apparaît dans 7 % des dossiers. Il s’agit essentiellement (86 % des cas) d’un phénomène de décollement d’enduit sur la face verticale extérieure ou du revêtement en nez de balcon, en raison de l’absence de protection de la tête du revêtement, d’un défaut d’étanchéité des joints de fractionnement, d’une couvertine, ou l’absence de fractionnement.

Quelles solutions sont préconisées ?

1. Pour la construction, l’étude recommande :

  • des principes d’encastrement des dalles en porte-à-faux à la façade, définis pour limiter la complexité des dispositions d’armatures correspondantes dans le cas d’ouvrages en béton, et par voie de conséquence, les risques de mauvaise mise en place ayant une implication directe sur la solidité et la stabilité de l’ouvrage ;
  • la mise en place de contrôles internes et externes systématisés et formalisés, officialisés par l’intégration de modèle de document à titre informatif dans les textes normatifs de référence ;
  • la définition d’une pente minimale des dalles de balcon, quel que soit le parement prévu au final en face supérieure, avec une orientation à l’opposé des façades ;
  • des dispositions de recueil et d’évacuation des eaux pluviales mieux décrites, rappelant les principes généraux des textes existants et fixant des valeurs minimales de section de cunettes, de déversoirs ou de pissettes, qui ne figurent pas explicitement en l’état dans le NFDTU60.11 P3.

2. Pour la pérennité de la solidité des ouvrages

la réalisation de diagnostics relatifs à la solidité des ouvrages de balcons, plus ou moins approfondis en fonction de l’état général des ouvrages, qu’on peut imaginer imposer selon une périodicité à définir, dans le cas de vente d’ouvrages au-delà d’un certain âge (par analogie avec ce qui est prévu pour le contrôle technique automobile, par exemple) ainsi que dans le cas de rénovation d’importance, ou même de simple ravalement d’immeuble.